JE RACONTE DES HISTOIRES

« Formée à raconter des histoires » voilà ce que j’ai écris sur mon CV il y a 10 ans. Aujourd’hui quand on me demande ce que je fais, j’ai beaucoup d’histoires à raconter.

Singapour, la vie d’artiste baroudeuse

Il y a 10 ans, je partais de Singapour pour venir m’installer à Lyon. Je venais de passer 3 ans à poursuivre des études dans une école de design et de communication visuelle, après un master en marketing. J’ai passé 3 ans immergée dans une école où j’étais la seule « caucasienne » comme on dit là bas (comprendre, d’origine européenne), à m’éclater en essayant toutes sortes de techniques graphiques pour communiquer sans mots, à un public anglophone. Pour mon projet de fin d’études, j’ai décidé de raconter « comment le tourisme de masse transforme mille expériences authentiques en une expérience standardisée » d’une manière tout à fait cynique et décalée.

J’ai passé 3 ans à expérimenter pour résoudre des problèmes, à découvrir l’Asie (Indonésie, Thaïlande, Malaisie, Hong Kong, Vietnam, Cambodge, Inde) en sac à dos et petit budget, organiser des festivals underground avec un collectif artistique dans des lieux voués à la destruction, et resister mentalement (pas physiquement) au climat écrasant de Singapour. Là bas, j’ai lancé Tiff in Singapore, pour partager les bons plans de sorties culturelles et underground aux expats.

Tiff in Lyon, de blog en blog

Par amour, j’ai atterri à Lyon, où je ne connaissais personne. Je cherchais du travail; j’ai contacté des graphistes via LinkedIn, pour qu’on aille boire un café. Ça ne se faisait pas trop à l’époque, les gens étaient surpris de ma démarche et ça a marché : j’ai rencontré Adrienn, Sabrina, Julien… j’ai tissé des liens, j’ai continué Tiff in Lyon cette fois, pour me familiariser avec la ville. Comme j’aimais écrire mais que je ne trouvais pas de travail, j’ai réussi à proposer des articles culturels sur des expos pour Le mauvais coton, un blog artistique et associatif réputé. J’ai essayé de vendre des pubs pour un magazine indépendant, mais il faut croire que rencontrer des assistants de maires pour échanger quelques lignes contre 2000 euros ne me faisait pas plus rêver qu’eux. Puis je me suis mise à mon compte, et j’ai été « embauchée » en salariat déguisé dans une startup en tant que chef de projet digital. Je m’occupais de gros clients à l’international, en anglais ; le boulot était intéressant mais c’était sans compter sur le fait que je me faisais exploiter, alors j’ai changé. Grâce à Adrienn j’ai rencontré Mathias de l’agence Graphéine, qui me faisait de l’œil depuis mon arrivée à Lyon (l’agence, pas Mathias). Et comme j’écrivais beaucoup et que j’avais cette double expérience graphique et visuelle, j’ai commencé à raconter aussi des histoires pour leur blog.

10 ans après, je suis encore chez Graphéine, en CDI cette fois ; j’ai carte blanche pour mes sujets sur leur blog, et j’adore mon boulot. J’ai écris des choses extrêmement variées comme la perception du sexe féminin dans la société, la toute première histoire des couvertures des livres, du IIIe siècle à nos jours, des analyses sur des nouveaux logos comme TotalEnergies et Décathlon, (qui cumulent 25 000 lectures à eux seuls), les pubs sexistes d’adopte, et tout récemment les pictogrammes des Jeux Olympiques. Les débats au sein de l’équipe permettent d’échanger, de s’instruire, de confronter ses idées. Je suis devenue -sans le penser- experte en pasigraphie, ces écritures qui permettent un langage international, en modernisme et en minimalisme, j’ai à peu près compris le fonctionnement du cerveau créatif, et raconté la vie de quelques grands designers.

La vie zéro déchet

En parallèle, parce que j’avais envie de faire bouger les choses dès 2014, je me suis lancée dans la folle aventure du zéro déchet. Tiff in Lyon était le premier blog à en parler à l’époque, et en quelques années Lyon est devenue LA ville référence en France. Des assos ont fleuri de partout, tout un tas d’épiceries vrac et de festivals ont vu le jour… pour accompagner la transition verte. C’était une période grisante, on bougeait tous ensemble dans cette nouvelle direction promettante. J’ai tout changé en plusieurs mois : enlevé tout le plastique de ma salle de bains à ma penderie, abandonné mon smartphone, revu mes habitudes de consommation, mon alimentation, mon mode de vie dans sa globalité, en réduisant le superflu pour ne garder que l’essentiel. J’ai arrêté d’aller au supermarché, de me laver les cheveux avec du shampooing traditionnel, et j’ai drastiquement réduit ma consommation de viande et mon bilan carbone par la même occasion. La presse et la TV s’y sont intéressés, c’était marrant de témoigner. Mes amis, ma famille, mes proches et les lecteurs du blog ont été entraînés dans ce tourbillon incroyable et vertueux. J’y ai surtout gagné en temps, en joie, et en qualité de vie. Parce que contrairement à ce que l’on pourrait croire, la frugalité ce n’est pas la privation, c’est la liberté de choisir, et de se faire du bien.

coaching zéro déchet, mon métier sur mesure

J’avais cette envie furieuse de convertir les gens à l’époque, et les gens étaient avides de conseils. Alors j’ai créé mon métier sur mesure : coach zéro déchet. Comme mon blog marchait bien et que j’avais des compétences dans le numérique et en écriture, je rassemblais des gens dans des lieux cools que j’avais repérés et on discutait zéro déchet. J’ai écris un guide, zorro déchet, avec une amie minimaliste qui a lancé une épicerie zéro déchet. Depuis, j’ai compris que les vraies solutions viennent des gens, pas de ceux qui leur proposent. Donc j’ai revu mon programme pour que l’envie de tout changer sorte de leurs tripes, pas des miennes. Ensuite, ce sont les entreprises qui ont commencé à me contacter pour que je fasse des sessions coaching pour leurs salariés. J’ai eu la chance d’aller prêcher chez Hermès, Alstom, Valrhona, la CAPEB, Lamazuna et même Carrefour… parce que les gens ont des rêves, des envies qui leurs sont propres, peu importe l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Et mon métier aujourd’hui c’est de les accompagner. C’est marrant d’ailleurs, en écrivant ce post, je viens d’être contactée pour faire une nouvelle intervention. Et si c’était dans votre entreprise, demain ?

Zorro déchet, la box zéro déchet

Dans la lancée j’ai créé ma boîte, au sens propre. Zorro Déchet, la première box zéro déchet au contenu 100% utile, made in France et engagé. Le site, la stratégie de communication, le business plan, les commandes… Adrienn a mis son talent pour lui donner un visage, avec un logo masqué absolument parfait. On a vendu les 250 boîtes en quelques mois, c’était intense. Avec les producteurs, tous passionnés et artisans parfois, on avait une vraie relation de confiance, on faisait changer les choses ensemble, c’était une grande aventure.

La maternité autrement

Et puis un jour, j’ai réalisé que j’étais enceinte. Alors j’ai concentré mon énergie sur ce petit être qui grandissait en moi. J’ai ouvert de nouvelles portes, que la transition zéro déchet avait entrouvertes. J’ai découvert le monde fascinant de la maternité, pas celle qu’on nous montre dans les films, non : celle qui est primitive et instinctive, dans laquelle la femme reprend le pouvoir et affirme ses choix. Alors j’ai eu envie de raconter à toutes les futures mères et à leurs partenaires qu’il est possible de redevenir l’actrice principale de sa parentalité, de sortir là aussi des sentiers battus, sans pour autant refuser la modernité. J’ai donc écris un livre, maternité libre et puissante : pour une maternité positive, décomplexée et engagée (je vous ai mis le lien amazon parce que c’est celui qui a le plus d’avis, mais achetez-le chez votre libraire !) Grâce à mon bienveillant ami Julien mon texte a trouvé une maison d’édition, et il se trouve que l’éditrice m’avait contactée en parallèle sur les réseaux sans savoir qu’elle avait déjà mon manuscrit. What are the odds, comme on dit. Mon livre est vendu à la Fnac, en ligne et dans toutes les librairies, et j’en suis tellement fière.

Pour continuer à accompagner les personnes qui en ont besoin, je me suis formée au soin Rebozo, un soin rituel par et pour les femmes, que je propose à Lyon et ses alentours, en complément de Reiki.

Aujourd’hui, 10 ans après, j’en suis là : j’accompagne les femmes et les personnes désireuses d’être plus alignées avec leurs valeurs, je participe au changement, je vis de mes passions, je déconstruis mes croyances pour découvrir de nouvelles perspectives, je raconte toujours beaucoup d’histoires, et surtout je suis à ma place et je continue d’avancer.