(SUR)VIVRE SANS SMARTPHONE

Salut les geeks. Voilà trois ans bientôt que je vis sans smartphone. Et si je vous écris aujourd’hui, c’est que j’ai survécu. Que tout va bien, merci. Malgré la pression de certains, le fait qu’on soit en 2020, et que je sois bogueuse (han, mais comment tu fais pour partager ton chaï latte sur insta ? Bin je le bois, désolée pour les gens qui rêvent de voir ce que je consomme au goûter #sorrynotsorry).

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La vie sans smartphone donc. Sans internet et tout ce qui va avec. Je ne reçois même pas les mms sur mon téléphone, c’est vous dire (enfin si, mais trois jours après et je dois aller sur vosmms.com avec un mot de passe, super) ! Avec le recul et mon expérience de Mac Gyver du Nokia 3310, voici un petit récit de survie pour (sur)vivre sans smartphone.

Vous êtes peut-être en train de lire cet article sur le trône. Je ne vous en veux pas, moi aussi j’ai connu ça. Réveil sur le téléphone, allumage d’instagram, petit check de whatsapp, lecture de mails pour les plus courageux : c’est la “morning routine” de bien d’entre nous. À tel point que parfois on en oublie de faire un câlin à son partenaire au réveil, si partenaire (ou chat) il y a. Passons.

Un appel du destin

Au début je n’avais pas vraiment choisi cette voie, même si j’avais déjà vécu 6 mois sans smartphone à Singapour (la ville la plus connectée du monde). La vie m’a envoyé un signe. J’étais en route pour acheter un petit frigo trouvé sur leboncoin. À agir pour ma transition vers une vie sans frigo, tout ça. GPS en place, all good Houston ! Et là, blackout du GPS. Et du téléphone avec. We’ve got a problem. Impossible à réanimer le truc, bouche à bouche impossible sans Siri, forcément (et puis d’ailleurs, je n’avais même pas Siri).

Même pas de panique. J’ai admiré la yogi en moi qui a refait surface. Tu vas y aller au flair, ma cocotte ! C’était rue Garibaldi. J’y retrouvais mon beau frère. Je me gare. Après 15 min d’attente je me dis que c’est louche, que j’ai dû me tromper d’adresse. Je demande à des passantes dans la rue de me prêter leur téléphone pour utiliser mon joker “appel à un amoureux”. L’amoureux en question, je connais bien sûr son numéro par cœur. Merci les réflexes des années 90.
La première veut bien mais l’amoureux ne répond pas. La seconde me dit non et m’ignore en courant : elle a peur de moi. Forcément, une fille sans smartphone c’est ultra louche, nan mais allô quoi. La troisième accepte, parce que je vous avais pas dit mais avec les hormones et tout (SPM bonchouuur) j’avais commencé à pleurer. Adieu yogi. Du coup la troisième a pitié, l’amoureux est contacté, il passe le message à son frère, et me rappelle 3 min plus tard (merci madame d’avoir attendu). Verdict : je n’étais pas à la bonne adresse.

Après toutes ces aventures j’ai quand même récupéré mon petit frigo (et revendu depuis). Et j’ai été fière. Leçon numéro 1 : apprenez vos numéros importants par cœur.

La vie sans smartphone

Pourquoi j’ai continué ma vie sans smartphone ? Parce que d’un coup j’ai été libérée. De la pression de devoir toujours répondre à tout, partout, tout le temps. D’être sur-stimulée en permanence, par les notifications instagram, whatsapp, facebook, mails, sms etc. “Mais tu peux mettre les notifications en sourdine”. Oui mais non, tu regardes quand même en permanence ton écran, au cas où. Tu regardes même juste pour savoir l’heure alors que t’as une montre. Avoue.
Ça en devient un réflexe. Tu t’ennuies : tu regardes. Tu es avec des amis : tu regardes quand même (parce que tu as d’autres amis). Tu attends : tu regardes. Tu conduis : tu regardes (maaaal). Tu chies : tu regardes aussi !

Avec mon activité d’auto-entrepreneure -blogueuse qui plus est- je travaillais tout le temps sur mon téléphone. Le soir, la nuit, les dimanches, dans le bus… à lire mes mails. Avec des poses quand je voulais, certes, mais quand même. La vie branchée ne nous donne aucun répit. Et quand ce n’étaient pas mes mails, c’était les messages Facebook et la veille sur Instagram… je n’avais plus de temps à rien. Comme happée, aspirée par ce truc magique qui te lobotomise pourtant le cerveau en une seconde. Impossible de résister ! Au point qu’on en oublie de faire les choses essentielles de la vie . Attention les zombies.

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Par exemple à un concert, quel est l’intérêt de filmer ? On rate le moment, et on se retrouve avec une vidéo pourrie qui bouge, et aux basses approximatives. Si c’est pour dire “j’y étais” à sa communauté, le mieux c’est d’en parler ! De raconter ses émotions, les moments forts, le clin d’oeil avec le type d’à côté (qui avait lui aussi rangé son téléphone), la fille qui nous a renversé de la bière dans les cheveux. Ça c’est des vrais moments nutella ! (Pardon, pâte à tartiner bio sans huile de palme.) Et on peut toujours montrer une vidéo youtube dudit concert, qui, elle, sera de meilleure qualité.

Mon vieux nokia et moi

Alors aujourd’hui, et depuis presque 3 ans, j’ai un “dumbphone” (ça veut dire crétin, en anglais, c’est dire) et j’en suis fière. Un vrai, un antique authentique de seconde main, celui d’une amie qu’elle utilisait il y a 15 ans. Et je peux vous dire qu’il a belle allure : écran couleur, appareil photo 13 px (à la louche), Snake II, et même le bluetooth. Déjà, la bête tourne encore, a 15 ans d’âge. Et s’il s’éclate par terre, je ramasse la batterie je la clipse et hop c’est reparti comme en 40. Pas de dégâts à déplorer, rien à réparer. Le truc coûte 20 balles et dure 20 ans quand même. C’est beau la technologie pré-obsolescence programmée !

Pourquoi c’est génial ? L’avantage numéro 1 c’est ça : je réponds quand je veux, pas quand je dois. C’est moi qui décide ! Pas d’internet, pas de problème. Je vais dans un lieu que je ne connais pas ? Je me fais un petit plan au crayon avant de partir. Je suis paumée quand même sur place ? Je regarde un plan dans le métro ou je parle avec des gens sympas qui m’aident parfois avec leurs smartphone (je n’ai pas dit que ce n’était pas utile !). Pas de réseau ? Tant pis !
Et surtout je revis, vraiment. J’ai réappris à ne rien faire d’autre, à flâner, à regarder les gens ou la vie qui passe quand j’attends dans un lieu public. Je déguste mon gâteau sans avoir besoin (ni envie) de prendre une photo. Je parle à mes potes sans être dérangée. C’est à petite échelle ce qui se passe dans mon mode de consommation zéro déchet : je prends le temps, je consomme moins mais mieux, je ralentis. Et ça fait un bien fou !

Slow, un peu trop slow ?

Alors oui, il a aussi quelques défauts mon téléphone, ça lui arrive 1 ou 2 fois par mois de faire des comas, et de se croire en 2008. Le pauvre, déjà 2008 ça faisait loin pour lui, alors 2020... Et puis il met 15 minutes avant de redémarrer et d’afficher la boîte de réception ou le répertoire. Du coup, faut pas trop compter sur lui en cas d’urgence... Mais soyons réaliste, je ne suis pas sûre qu’on ait vraiment le temps de dégainer son smartphone non plus en cas d’urgence. Du coup, ça apprend aussi la patience, et le détachement.
Il est bloqué ? J’attends. Je supprime 71 sms (oui il n’y a pas grand place là-dedans) j’attends encore. Moi ça me va. Mais ça rend fou mon conjoint.
Mais quand j’ai besoin d’appeler ou d’envoyer des sms il est là, avec la T9 et tout. En fait, je n’ai besoin que de ça. Pour le reste, j’ai mon ordi ! Ha, et je t’ai dit que mon abonnement me coûte 6€ ?

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Rester connecté sans smartphone, c’est possible

Et pour Whatsapp et Instagram comment je fais (je te rappelle que j’ai quand même des amis / de la famille à l’étranger, et un compte insta pro) ? Pour whatsapp, ou toute autre appli il y a des émulateurs gratuits, comme Bluestacks ou Nox. Vous les téléchargez sur votre ordi et vous avez un smartphone sur écran fixe. Magnifique ! Instagram peut aussi s’utiliser avec des plug-ins sur chrome, ou l’extension IG.dm pour envoyer des messages. Mais avec l’émulateur vous n’aurez franchement besoin de rien d’autre.

Si vous êtes à Lyon, l’abonnement Vélov se fait lui aussi sans smartphone, on peut débloquer un vélo avec sa carte d’abonnement directement sur le guidon.

Pour la musique, j’ai racheté un “baladeur” pour écouter de la musique. Pas le choix. C’est précieux ces trucs. La seule vraie limite est pour les places de concert ou autre, un peu obligée de les imprimer. Mais j’y vais rarement seule, et je peux compter sur mes copains.

Vade retro, smartphonas ?

Bon justement les copains, parfois ils en ont marre qu’on compte sur eux. Pour les photos instagram, les numéros de téléphone oubliés, les horaires de fermeture d’une boutique… J’ai songé à acheter un téléphone reconditionné, ou alors même à louer un FairPhone. Mais je n’en avais pas vraiment envie, ni besoin. Trop gros, trop de tentation ! Alors depuis, on m’a offert une tablette, juste pour la maison. Parce que mon ordi était lui aussi tellement vieux (2011, réparé 2 fois, un battant) que les émulateurs ne fonctionnaient plus dessus :-( et que sans whatsapp j’avais pas mal de pression du côté des copains. Et qu’il fallait bien continuer à envoyer des photos de notre bébé à son papa, et prendre des nouvelles de la famille.

Alors j’ai à moitié succombé avec la tablette, et parfois je me fais happer par Instagram, c’est vrai. Mais bon, j’ai toujours mon vieux copain à côté de moi pour me rappeler les priorités de la vie.

PS: Si vous voulez être sympa avec vos amis qui ont des dumbphones :

Par pitié, arrêtez de nous envoyer un sms par phrase : les dumbphones ne sont pas faits pour recevoir 5 messages à la seconde, vous nous tuez ! Le téléphone bipe sans arrêt et n’arrive pas à charger les messages. Il est vieux, vous savez. Il faut pratiquer la frugalité textuelle.
Et les émoticônes, oubliez : nous on voit que du tofu (le rectangle vide là, vous voyez ?). Utilisez votre bon vieux clavier ;-) Mes amis savent, je pardonne aux autres.

allez, bisous

:-*