METTRE DU HYGGE DANS SA VIE

J’achève ce livre sur l’education danoise qui présente le hygge comme base fondamentale de la vie de famille. Le hygge, c’est créer une ambiance confortable et douillette pour vivre bien ensemble et profiter du moment présent. Et c’est drôle parce que depuis 6 ans que je tends vers le zéro déchet et que j’ai changé ma manière de consommer, je crois que je tends exactement vers ça : le hygge. J’ai envie -besoin- d’être proche de la nature, de monter à cheval, de faire du bateau, de voir mes amis (Bretagne, si tu m’entends : attends moi j’arrive !). Ça, ce n’est pas hygge en soi, parce que la base du hygge c’est de mieux vivre ensemble, de mettre ses soucis de côté, s’ouvrir aux autres, positivement. Mais le zéro déchet chez moi a entrainé un retour aux sources, au simple, au bonheur de l’instant.

En changeant mon alimentation je me suis intéressée à l’ayurveda, aux énergies, avec ma mère qui faisait déjà du reiki, à ce dont nous sommes faits. J’ai lu le livre « Révélez-vous » de Flora Douville (sur les conseils de Laure, des Aventurières) qui parle de bien plus qu’un look ou de comment s’habiller, mais qui propose d’analyser de quelle énergie nous sommes faits. Un élément, une saison, une forme combinés créent l’harmonie en nous, l’être soi. Et c’est drôle car l’ayurveda définit des profils qui correspondent aux résultats de ce livre. Comme si, d’un coup, tout concordait. Comme si je comprenais enfin de quoi je suis faite moi, et non pas de quoi la société ma faite.

Par exemple, on nous apprend à penser de manière linéaire, à aller droit au but, à faire des plans de vie, d’action, de dissertation, qui se déroulent en ligne. Si A, alors B. Mais j’ai appris que je suis « air », virevoltant, avec 10 idées à la minute, toujours à courir de partout, à penser à 1000 choses même à l’oral, et donc à faire des parenthèses gigantesques parce que tiens, ça me fait penser à ça, ou que tiens, ce truc n’est pas à sa place. J’en viens toujours où j’avais prévu d’arriver, mais entre A et B ça fuse. Tout ça pour dire que j’ai pris mes distances face à cette pression que l’on nous met sur les épaules pour faire les choses d’une manière linéaire, réfléchir directement ou parler selon un ordre donné. Vous le verrez pendant mes conférences de coaching zéro déchet, elles sont toujours uniques et dépendent de ce qui se passe dans la salle. Dans ma tête ma pensée suit plutôt la forme d’une constellation, ou d’un plan de métro. Il est impossible pour moi de faire un retro planning (mais ça s’apprend) parce que je fonctionne avec mes tripes pour avancer.

Je connais depuis peu mon mode de fonctionnement, mes forces, et partir dans toutes les directions ou ne pas suivre de planning n’est plus une faiblesse. Ouf. Quel soulagement de lire que notre mode de fonctionnement n’est pas mauvais parce qu’il ne correspond pas aux attentes des normes sociales, que c’est OK d’être comme on est, que l’on n’est pas seul, et que ce n’est pas une tare ! Et je pense que pour tendre vers le hygge il est impératif de se comprendre, de s’accepter, de prendre le temps pour soi afin d’être plus présent aux autres ensuite.

Ce qui a vraiment provoqué cet élan vers le hygge, cette reconnection au moment présent, ce goût pour le fait de ne « rien » faire ou de cocooner chez soi, ce n’est pas le catalogue La Redoute 2018, mais plutôt le jour où mon smartphone s’est éteint. Est décédé je veux dire. Loin d’être dans un état de panique (j’avais déjà vécu sans smartphone 6 mois à Singapour), j’ai retrouvé mes réflexes d’antan. Demander mon chemin aux gens, regarder le sol, les arbres ou les chaussures de ma voisine, attendre patiemment, font à nouveau partie de mon quotidien. À nouveau, parce que c’est ce qu’on faisait jusqu’à nos 15 ans (#generation80-90). On se donnait RDV, on arrivait à l’heure ou on attendait tranquillement, tu te souviens ? On n’était pas là à s’écrire pour se dire « j’arrive » quand on part, ou « le métro a du retard », « là dans 2 minutes ».

Tous mes voisins de train sont sur leur portable. Mon conjoint passe sa vie dessus. On écrit à nos amis pour les retrouver et une fois avec eux on prévoit la prochaine soirée avec d’autres. Résultat : on n’est jamais vraiment avec ses amis ou sa famille, mais toujours vraiment avec son écran. Pour s’endormir, au réveil, aux toilettes, dans le métro, le train, le vélo même parfois. Plus jamais seul. On oublie bien vite que, si, un mail ou un message peut attendre la fin du repas, que le monde ne va pas s’écrouler si on répond 2 jours plus tard (même en étant auto-entrepreneur, mon dieu, je mets parfois 2 semaines à répondre !), et que cette pression de réagir du tac au tac n’est qu’une pression extérieure que l’on peut apprendre à maîtriser pour s’en détacher.
C’est justement Laure des Aventurières qui m’avait permis de prendre ce recul sur l’engrenage des mails. En tant qu’auto-entrepreneur, et blogueuse, c’est tellement facile de passer sa vie sur son téléphone. Je répondais à tout le monde, tout de suite : sur whatsapp, gmail, Facebook, instagram… on est sollicités en permanence ! le jour où j’ai décidé de répondre seulement quand j’en avais le temps ou l’envie, je n’ai plus jamais été stressée par toutes ces charges. Et le monde a continué de tourner. Et ma communauté de grandir.

Tiens, mes voisins ont sorti un jeu de carte. Ça c’est hygge, de passer du bon temps ensemble.

Aujourd’hui j’ai un téléphone de dealer, une espèce de nokia des années 2000. Je n’ai pas internet dessus, bien sûr, et la qualité de l’appareil photo (si, si, j’en ai un) est franchement approximative. D’ailleurs je ne sais pas les envoyer donc autant dire que j’ai arrêté de prendre mes combos banana bread et chaï late en photo dans les cafés hipsters. Mon nouveau-vieux portable fait des mini comas 2x par mois et croit alors qu’on est en 2008, tout déboussolé qu’il est de n’être jamais passé à l’ère du digital, le pauvre. Mais je ne lui en veux pas.

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Grâce à lui j’écris cette note à la main sur mon carnet, dont les idées me sont venues parce que, justement, je ne faisais « rien ». Et je rebondis là-dessus, parce que d’ailleurs on ne fait jamais vraiment rien. On laisse aller et venir les pensées, on accepte le moment présent. Ça s’appelle méditer. Beaucoup de gens dépensent d’ailleurs des fortunes pour apprendre ne rien faire. Alors qu’il suffit juste de plonger dans le hygge, et de couper son téléphone ! C’est ce dont parlent les écolos humanistes dans leur super livre « vivre mieux, avec moins », où ils conseillent de de « rien faire d’autre » que de manger (par exemple, mais c’est applicable pour tout) c’est à dire d’éteindre TV et téléphone et de se connecter à l’instant, à son assiette, ou à ses proches. Et ça, c’est hyper hygge !

Sur mon baladeur (pas de smartphone oblige) j’écoute Feu!Chatterton qui chante en citant un vers que je reconnais tiré de Roméo & Juliette, qui dit approximativement « on remet son manteau de pudeur à l’heure où l’aube revêt la couleur du péché ». Vous allez me dire « mais où est le rapport ? » Hé bien déjà c’est beau, et puis j’ai surtout pensé en entendant cela que Roméo & Juliette n’avaient pas de réveil, qu’ils se basaient sur la couleur du ciel ou le chant des oiseaux pour se réveiller.
Rappelez-vous, le lendemain de leur première nuit ensemble ils se chamaillent pour savoir si c’est l’alouette ou le rossignol qui chante, parce qu’eux savaient que l’un annonçait le crépuscule et l’autre l’aube (moi j’ai mis des oiseaux au pif). Et ça me fait penser à Pierre Rabhi dans son récit « vers la sobriété heureuse » qui raconte qu’avant la venue des français en Algérie et l’arrivée du mode de fonctionnement à l’occidentale, le temps était un concept mais pas une source de stress. En décidant d’horaires (ou de tout autre chose extérieure qui nous dicte quoi faire et quand) on ne vit plus selon le cycle des saisons et de ses besoins mais suivant le cycle du marché de consommation, de la bourse. D’un coup, il faut travailler impérativement de 9h à 18h, alors qu’on serait peut être plus efficace l’après-midi seulement tel jour, et jusqu’à 3h du matin le lendemain.

Bon bien sûr on vit en société et on a besoin de règles pour rouler en groupe. Mais imagine un instant ton monde sans horaires : tu te lèves à l’heure qu’il faut après le nombre d’heures de sommeil idéal pour requinquer ton corps, tu manges quand tu as faim et pas parce qu’il est midi, tu te couches quand tu as sommeil. Comme un nourrisson en fait. J’ai suivi le rythme de mon fils ses premiers mois et il se réveillait régulièrement toutes les 4h à la minute près ; une véritable horloge. Comme quoi, vivre sans montre et à l’heure biologique ne serait pas forcément vivre en toute anarchie.

En attendant, comme c’est difficile de complètement s’affranchir du temps en société, commencer par prendre le temps d’en profiter c’est déjà immense. Et ça commence par lâcher son portable. Alors éteins-moi ça, tu veux, et fais pleinement ce que tu es en train de faire.

Hygge les copains !

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